Voici simplement ce que vous allez voir : la collection « efflorescence » est composée de vingt pièces – tables rondes et basses, consoles, assises, vases et miroirs – conçue en 2019 par Virgil Abloh pour la Galerie kreo.
Efflorescence : le nom de cette collection semble paradoxal pour ce qui apparaît tout d’abord comme de solides morceaux de réel pour s’asseoir, se rassembler et se regarder...
Voici simplement ce que vous allez voir : la collection « efflorescence » est composée de vingt pièces – tables rondes et basses, consoles, assises, vases et miroirs – conçue en 2019 par Virgil Abloh pour la Galerie kreo.
Efflorescence : le nom de cette collection semble paradoxal pour ce qui apparaît tout d’abord comme de solides morceaux de réel pour s’asseoir, se rassembler et se regarder. Au-delà du fait certain qu’il est toujours fructueux de se frotter aux paradoxes, ce terme botanique rend compte du mode de production des pièces proposées. À l’image de ces fleurs sauvages qui s’insèrent dans les interstices et les recoins de l’espace urbain, les trous, les aléas formels et les graffitis qui recouvrent et personnalisent – de manière chaque fois différente – la surface bétonnée offrent une texture visuelle et émotionnelle qui recharge notre environnement immédiat – un paysage où la rigidité des structures et des visées planificatrices rencontre l’aléatoire de la croissance organique et de l’appropriation humaine.
Bench 2 : Par sa longueur de près de trois mètres, il rappelle les rampes de skate ; par sa présence, il exprime au mieux la volonté du designer de faire entrer le langage urbain dans l’espace blanc de la galerie. Percé de trous irréguliers à intervalles réguliers, revêtu de graffitis – ce geste ancestral de marquage est emblématique de l’ensemble de la démarche de Virgil Abloh –, Bench 2 est un Cheval de Troie voué à la déconstruction du générique et aux échanges sur l’ici et maintenant.
2019 : les pièces conçues par Virgil Abloh incarnent (les aspirations de
notre) son époque. Il n’est plus question ici de « high » et de « low », de légitimité, d’avant-garde ou d’être un outsider. Il s’agit de produire un design d’interaction, où le dialogue entre le producteur et l’usager est horizontal, où les références passées sont tamisées par l’expérience d’un présent questionnant les usages futurs. « Pour moi, le design est cette discipline toujours reliée au passé, gardant un oeil vers le futur », indique Virgil Abloh. Ici, le patrimoine du style brutaliste, ses formes et ses idées, sont littéralement troués, extrudés pour servir de piédestal à l’expression créatrice de la rue. Le designer poursuit : « il s’agit de concevoir un langage de subversion de la norme que le touriste comme le puriste peuvent tous les deux comprendre », et tous les deux utiliser.