On le dit incertain et provocateur, hasardeux et problématique, dialectique et destroy, constructeur et solaire, punk et hippy, israélien et londonien, ici et ailleurs, sculpteur et mécanicien, attentif et léger, profond et distrait, singulier, autonome, libre, digressif et légèrement magicien...
On le dit incertain et provocateur, hasardeux et problématique, dialectique et destroy, constructeur et solaire, punk et hippy, israélien et londonien, ici et ailleurs, sculpteur et mécanicien, attentif et léger, profond et distrait, singulier, autonome, libre, digressif et légèrement magicien. Ron Arad donc, touche à tout de génie, metteur en scène de magie, designer, architecte, scénographe, qui s’amuse à réinventer alphabets et vocabulaires, grammaires et syntaxes en un jeu discursif constant.
Il a réinventé la roue à rayons, la transformant en roue à rayonnages multiples. Une série de roues mobiles, les « RTW », de dimensions variées et, surtout, de comportement variable. Comportement tout aussi nomade que poétique, tout aussi savant que primesautier. Promener avec soi d’une pièce à l’autre, l’air de n’y pas toucher, sa bibliothèque de 350 kilos, s’apparente au sourire de l’ange.
Il a réinventé l’ellipse, symbole le plus pur de la perfection, fameux raccourci dans l’expression de la pensée et qui procède si bien par sous-entendus. Depuis le New Tel Aviv Opera jusqu’au Adidas Stadium en passant par le Chalk Farm Studios, la démonstration est magistrale.
Il a réinventé une vieille dialectique qui confronterait, affronterait densité et légèreté, poli et rugueux, nature et culture, agressif et raffiné… en l’annulant d’un coup de crayon, d’un tour de main et d’un regard en biais. Soit le « Rolling Volume » en acte conclusif du débat.
Il a réinventé le champ du possible en s’amusant à tout plier à sa ligne. La droite s’incurve, la rigidité s’assouplit, l’acier se transmue en pâte à modeler, le plein devient maille, l’arabesque orientale lorsqu’elle rencontre la révolution industrielle devient la « London Parpadelle ».
Il a même, selon Raymond Guidot, réinventé l’alphabet hébraïque, dépassant les équivalences lettres/chiffres, les prolongeant jusqu’aux formes et aux espaces, en orchestrant les déclinaisons les plus dialectiques, les plus insolentes, les plus imaginatives qui soient…
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Gilles de Bure, mars 2000