À quatre mains | Galerie kreo

Le banc All'aperto Pierre Charpin x Alessandro Mendini

Le banc ‘All’aperto’, par exemple, combine une forme de Pierre Charpin avec un motif d’Alessandro Mendini. Ces deux créateurs, en dépit de leur important écart générationnel, se connaissaient et s’appréciaient depuis longtemps. Il existait entre eux une filiation tant personnelle que conceptuelle ; le travail du maître italien ayant beaucoup influencé celui du designer français.

Le banc est réalisé en mosaïques, un matériau utilisé depuis des siècles dans la conception des bains romains aux sols byzantins. Mendini fut l’un de premiers à le remettre sur le devant de la scène en l’utilisant, entre autres, pour décorer l’intérieur du Musée Groningen en Hollande. Avec Pierre Charpin, il utilise la mosaïque à nouveau, en s’adonnant à une palette de couleurs vives et joyeuses, chères aux deux designers. La pièce prend vie et fait ainsi écho à son nom, puisqu’All’aperto signifie ‘en dehors’ en italien — une invitation aux échanges, au partage et à l’évasion.

Comme le dit Charpin "la simplification est sans doute l'une des constantes marquantes de ma pratique. Simplifier, c'est en quelque sorte offrir une suspension du sens... pour donner une plus grande liberté de mouvement."

"Simplifier, c'est en quelque sorte offrir une suspension du sens... pour donner une plus grande liberté de mouvement." - Pierre Charpin

‘Let’s talk about titanium’ Dan Friedman x Alessandro Mendini

Mendini a également collaboré sur un autre projet présenté par la Galerie kreo en 2001, ‘Let’s talk about titanium’, conçu avec l’artiste américain Dan Friedman (qui demeure sans doute l’un des graphistes les plus célébrés de sa génération, ayant notamment réalisé les logos d’Aids ou de la City Bank).

Ensemble ils ont créé une collection composée autour des graphismes conçus par Friedman et d’un matériau inhabituel pour le mobilier : le titane, mélangé à du métal laqué, du bronze, de la pierre d’onyx… Les pièces portent des noms de meubles mais ressemblent à des autels ésotériques, des micro-architectures. « Nous avons parlé de titane et de volumes élémentaires..., de pictogrammes, d'eau, du silence et de géométrie », explique Mendini.

Nous avons parlé de titane et de volumes élémentaires..., de pictogrammes, d'eau, du silence et de géométrie - Alessandro Mendini

Mendini explique : « C’est vrai, ces objets sont assez austères, tristes. Ils portent l'histoire de ma rencontre avec Dan Friedman, il y a plus de dix ans, dont j'aimais beaucoup le graphisme. C'est lui qui dessiné le logo de Aids. Ils évoquent aussi sa disparition en 1995, et ma volonté très romantique de mener jusqu'au bout ce projet commun. Aujourd'hui, les dessins de Dan ont pris forme, comme des objets d'église. (…) La vie est un labyrinthe, mon travail aussi. On retrouve dans cette exposition le même désir de confronter des matériaux très différents, ici le titane industriel et le bronze ancestral. Et le traitement de la surface des objets. Le décor, c'est une sorte de littérature posée sur l'objet, pour susciter des émotions. C'est aussi la première forme d'art. J'aime ce qui imprègne la mémoire collective du monde, mêler art populaire et art élitiste. »

Le lampadaire 1049 Vittoriano Vigano x Gino Sarfatti

Un autre bel exemple de création à quatre mains est celui de l'un des binômes les plus célèbres du design italien réunissant le ‘concepteur d’éclairages’ Gino Sarfatti et l'architecte Vittoriano Vigano, figure de proue du brutalisme italien, dont Sarfatti était particulièrement proche.

La vision spatiale de Vigano s'accorde parfaitement avec l'approche fonctionnelle du design de Sarfatti.

La vision spatiale de Vigano s'accorde parfaitement avec l'approche fonctionnelle du design de Sarfatti. Pour Sarfatti, une lampe doit toujours être conçue en fonction de l'environnement domestique qu'elle éclaire. La compréhension holistique de l'espace qu’a acquis Vigano grâce à son travail d'architecte enrichit le travail de Sarfatti. Ensemble, ils ont produit des modèles de luminaires devenus iconiques, tous édités par la maison Arteluce fondée par Sarfatti — notamment le lampadaire ‘1049’, composé d’une base en marbre, de deux bras en laiton élégamment articulés et équilibrés, et de deux abat-jours laqués de couleur

Chaînes Ronan & Erwan Bouroullec

Enfin, l’un des duo phares de la galerie, Ronan et Erwan Bouroullec, représente l’épitome contemporain du design conçu ensemble, à quatre mains. Les frères travaillent étroitement avec Clémence et Didier Krzentowski depuis plus de 25 ans, et n’ont cessé, depuis leur première exposition solo en 2001 à la Galerie kreo, d’étonner par leur inventivité. Leur complémentarité leur permet de composer un univers qui leur est propre, à l’image d’une de leurs dernières créations : les ‘Chaînes'. Ces chaînes, en plâtre blanc immaculé, en métal coloré bleu, vert ou champagne ou en céramique rouge brillante, sont constituées d’éléments en forme de petite cloches s’enchaînant à l'infini. Leur présence à la fois architecturale et délicate définit la structure de l’espace qu’elles occupent.

Leur présence à la fois architecturale et délicate définit la structure de l’espace qu’elles occupent.