Les modèles sont réalisés dans des tissus développés à partir de dessins digitaux originaux d’Erwan Bouroullec. En effet, ce dernier fait appel à une technique novatrice pour réaliser ses tableaux, mettant au point un programme permettant de traduire chaque pixel d’une photo choisie en traits de couleurs et inclinaisons différentes. De la transcription de ces traits sur le tableau naît une œuvre abstraite, direct produit d’une image figurative. A travers cette collaboration, les deux artistes redéfinissent les frontières qui séparent le design, l'art et la mode.

Cette union entre la mode et le design est d’autant plus surprenante que les deux “industries” s’octroient un rapport au temps qui leur est propre — et très différent. Il y a le temps très court de la mode, de sa création sans cesse renouvelée, saison après saison, de sa consommation frénétique. Puis il y a celui du design, plus long, fait de contraintes, de réflexions, et d'une période d'élaboration sans commune mesure. On n'achète pas un vêtement comme un objet de design, et une fois acquis, on ne le considère pas de la même façon. Pourtant, Virgil Abloh ne cesse de mélanger les frontières entre les disciplines et aime organiser des collaborations.