Spotlight on
Gino Sarfatti

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Lorsque Didier Krzentowski a commencé à collectionner les luminaires, Gino Sarfatti (1912-1986) était presque oublié. Aujourd'hui, Sarfatti est reconnu dans le monde entier comme l'un des plus grands, si ce n’est le plus grand designer de luminaires du XXe siècle. L'innovation, l'élégance et la rationalité qui caractérisent ses créations ont assuré son statut d'icône dans l’histoire du design ainsi que sa place privilégiée à la Galerie kreo.

Sarfatti avait commencé des études d’ingénieur aéronaval en 1930. Mais lorsque la situation politique a entrainé la ruine financière de son père, il a été contraint d’interrompre ses études, et a fondé son propre atelier, Arteluce, à l'âge de 23 ans.

Sa formation scientifique est essentielle dans sa création. Comme toute démarche scientifique, la sienne est expérimentale, méthodique et engagée dans la rationalisation de ses créations. Pour Sarfatti, la priorité est toujours donnée à la fonction plutôt qu’à la forme, avec pour continuelle volonté de s’assurer que le luminaire réponde toujours mieux aux besoins de la vie moderne.

Mais mettre en avant la fonctionnalité ne signifie pas pour autant faire de compromis sur l'esthétique. « Une bonne solution est aussi une belle solution » dira-t-il.

 
"Quand j'ai commencé à faire des lampes, j'ai frappé. J'ai ouvert quelque chose."
 

Dans ses écrits au sujet de « l’éclairage moderne », il souligne que l’éclairage n’a pas pour but de « simplement jeter de la lumière partout, mais... apporter de la lumière partout où nous sommes à un moment donné. En d'autres termes, faire sentir la lumière dans des tons et des intensités différentes (trop de lumière également diffusée est toujours monotone) dans n'importe quel environnement (table, miroir, chaise, etc.) où les besoins de notre journée nous mènent » . Ses créations sont définitivement plus fonctionnelles que décoratives, tout en étant dotées d’un exceptionnel dessin.

Sa formation scientifique se manifeste également dans son approche expérimentale. L’utilisation de nouveaux matériaux, comme par exemple le Perspex, qu’il utilise dès 1948 pour ses lampes de table. Tout comme l’utilisation de nouvelles ampoules : il développera  d’ailleurs de nouvelles formes de lampes à chaque nouvelle ampoule. Enfin Sarfatti est ouvert au potentiel créatif que l’erreur peut apporter, comme avec l'effet "craquelé" de la peinture, originellement le résultat d’une erreur de cuisson et qui est aujourd'hui considéré comme un trait distinctif de ses créations.

 
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Plafonnier '2042/9', 1963
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Lampe de table '607', 1971
 

Un des modèles les plus emblématiques de la rationalisation et de l’expérimentation de Sarfatti est sans doute le modèle ‘1063’, qui a remporté le ‘Grand Prix’ de la Xème Triennale. Sarfatti a supprimé tous les éléments superflus, pour ne conserver que « l’ampoule », ici le néon,  et la fonction du luminaire, dans un geste que l’on peut qualifier de minimaliste. Le transformateur fonctionne également comme un contrepoids pour équilibrer le lampadaire. Comme Sarfatti l'a lui-même résumé, "le système d'éclairage est simplement un moyen de support qui met en valeur les caractéristiques de l'ampoule".

Ce principe de rationalisation s'illustre aussi dans les titres de ses modèles, numérotés par catégorie :  100 pour les appliques murales, 500 pour les lampes de table, 1000 pour les lampadaires, 2000 pour les suspensions etc.

Sarfatti a remporté de nombreux prix tout au long de sa carrière, et est incontestablement  l'une des figures les plus célèbres du design italien de l'après-guerre. Sa conception de luminaires qui répondent précisément aux besoins modernes et qui se débarrassent des éléments superflus a véritablement transformé notre perception des luminaires.

 
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